Nouakchott

Interview Clare Hart, vice-PDT de Montpellier : Les nano-satellites aideront la Mauritanie à surveiller son territoire.

Lors de la Biennale Euro-Africa 2025 à Montpellier (France), Clare Hart, vice-présidente de Montpellier Méditerranée Métropole, a mis en avant l’enjeu crucial de l’autonomie spatiale pour la Mauritanie et les opportunités de coopération dans la fabrication de nanosatellites.

Image Clare Hart, vice-pdt de Montpellier Méditerranée Métropole, en interview, lors de la Biennale Euro - Africa 2025. ©CulturesMauritanie
  • Publié le 23 octobre 2025 à 19:33
    Mise à jour 23 octobre 2025 à 20:19
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    Cultures Mauritanie : Comment le Centre Spatial de l'Université de Montpellier (CSUM) aide la Mauritanie dans son programme de nanosatellites ?


    Clare Hart: Au départ, notre collaboration avec la Mauritanie s’est orientée vers des projets liés à l’eau et à l’assainissement. Nous avons débuté à Kifa, dans le sud du pays, puis à Nouakchott, la capitale, où nous avons amélioré l’accès à l’eau potable et mis en place de latrines dans les écoles. Ces projets ont posé les bases d’une coopération plus large, avec le soutien d’institutions françaises telles que le Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères, l’Agence Française de Développement (AFD) aux côtés de partenaires privés.

    Fort de cette relation de confiance, nous avons étendu la coopération sur d'autres projets technologiques, notamment les nanosatellites. Montpellier, avec son centre spatial, dispose de l'expertise nécessaire pour fabriquer ces satellites miniatures et a proposé d'accompagner la Mauritanie dans la surveillance de son territoire. Le programme des nanosatellites est ainsi né d’un besoin spécifique de la Mauritanie, combiné avec notre savoir-faire technique. Il s’agit d’une démarche collaborative, où Montpellier soutient la Mauritanie dans la création et l’utilisation de ces technologies.


    Clare Hart, vice-présidente de Montpellier Méditerranée Métropole, en échange avec la délégation mauritanienne, à la Biennale Euro-Africa 2025 à Montpellier. ©CulturesMauritanie


    Cultures Mauritanie : Comment comptez-vous transmettre le savoir-faire aux ingénieurs mauritaniens ?


    Clare Hart:
    La transmission de compétences est un aspect fondamental de ce projet. Pour réussir à produire des nano-satellites, il ne suffit pas de fournir la technologie ; il faut aussi former les ingénieurs locaux. Montpellier va donc jouer un rôle clé, non seulement en fabriquant les satellites, mais également en formant les ingénieurs mauritaniens. Nous avons déjà mené des projets similaires au Sénégal et à Djibouti, où nous avons formé des ingénieurs à la production de nano-satellites. Il s'agit d'une démarche sur le long terme, qui inclut des formations continues et la mise en place de programmes de stage pour les étudiants.

    En Mauritanie, nous proposons des formations destinées aux ingénieurs expérimentés
    , afin qu’ils puissent acquérir de nouvelles compétences dans la conception et la gestion des nano-satellites. Mais nous ne nous arrêtons pas là : nous accueillons aussi des étudiants dans nos programmes de formation à Montpellier pour qu’ils puissent acquérir une expertise à la fois pratique et théorique, et retourner développer des projets spatiaux dans leur pays. 




    Cultures Mauritanie : Comment ce partenariat pourra-t-il favoriser l'autonomie de la Mauritanie dans le spatial ?

     

    Clare Hart: L’autonomie dans le domaine spatial est cruciale pour un pays comme la Mauritanie, qui fait face à des défis géographiques et environnementaux. La surveillance du territoire, à travers des nano-satellites, va permettre de mieux comprendre les ressources naturelles, d’anticiper les catastrophes climatiques et d’optimiser la gestion des espaces naturels. Par exemple, les tempêtes de sable, fréquentes en Mauritanie, seront plus faciles à anticiper et à gérer. Un nanosatellite permettrait aussi de repérer les conditions climatiques, de surveiller les déplacements des troupeaux dans le désert, mais aussi d’étudier les oasis et les zones arides.

     

    En fait, ce projet ne se limite pas à la technologie. Il s'agit aussi d’un outil de surveillance du pays en temps réel, pour alerter sur des anomalies et pour mieux gérer les ressources essentielles comme l’eau et les pâturages. En formant des ingénieurs locaux et en les accompagnant dans la fabrication de ces technologies, nous contribuons à rendre la Mauritanie plus autonome, non seulement dans le spatial, mais aussi dans la surveillance de son territoire.

     

    Clare Hart, vice-présidente de Montpellier Méditerranée Métropole, lors d’une interview avec les journalistes Mohamed Diop et Aliya Absas, à la Biennale Euro-Africa 2025. ©Cultures Mauritanie


    Cultures Mauritanie : Y a-t-il d’autres projets de coopération entre Montpellier Méditerranée Métropole et la Mauritanie autour du numérique ?

     

    Clare Hart: Nous sommes au début d’une aventure passionnante avec la Mauritanie. Beaucoup d’autres projets sont en gestation. Au-delà du spatial, nous avons des discussions en cours pour explorer des projets autour du numérique, notamment l’intelligence artificielle (IA), mais aussi des initiatives liées à la santé globale. Montpellier est un acteur clé dans le secteur de la santé, et nous voyons là une opportunité d’adapter des solutions sanitaires aux besoins spécifiques de la Mauritanie.

     

    La coopération avec la Mauritanie repose sur une véritable relation d’amitié. Nous agissons en partenariat, à égalité, pour co-construire des solutions adaptées. C’est un échange réciproque, où chaque partie bénéficie des connaissances et pratiques de l’autre. Ce modèle de coopération ne se limite pas au transfert de savoir-faire : il s’agit aussi d’un partage de compétences et d’idées, qui va au-delà du seul aspect technologique.



     

    Cultures Mauritanie : Ce modèle pourra t-il-inspirer d’autres pays africains ?

     

    Clare Hart: Absolument. Comme j'ai dit tantôt, nous avons mis en place des projets similaires au Sénégal et à Djibouti. Mais l'Afrique est un continent immense et diversifié. Chaque pays a ses besoins spécifiques, et chaque partenariat est une aventure particulière. Toutefois, le modèle que nous développons avec la Mauritanie est transposable à d'autres pays du continent. L’essentiel est que chaque projet s'adapte au contexte local. Et les nanosatellites sont un exemple illustratif : si leur utilité est évidente en Mauritanie, elle pourrait aussi l’être dans d’autres pays du continent. Mais, peut-être, avec des applications différentes, selon les défis propres à chaque région. En tout cas, nous espérons que ce modèle inspire d’autres initiatives sur le continent, non seulement dans le domaine spatial, mais aussi dans d'autres secteurs comme la santé, l’agriculture, l’énergie ou encore la gestion des ressources naturelles.


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