Une jeune slameuse, Oum Kelthoum Guèye, alias Oumeyma, remporté le championnat national de slam en Mauritanie, organisé dans le cadre du festival FISH’AC, une édition axée sur l’oralité panafricaine, l’engagement social, l’humour et les expressions artistiques contemporaines.
Lumière tamisée à l’Institut Français de Mauritanie. Le silence est suspendu. Oumeyma s’avance, micro à la main. Quelques instants plus tard, elle entre dans l’histoire du slam mauritanien.
Quelques minutes suffisent pour faire chavirer la salle. À l’issue d’une performance saisissante, c’est l’ovation. Le public, conquis, infléchit la décision du jury. Oumeyma remporte le premier prix du championnat national de slam, organisé dans le cadre de la cinquième édition du Festival International Slam, Humour & Arts Connexes (FISH’AC). Elle représentera la Mauritanie à la Coupe d’Afrique de Slam en septembre 2025 à Conakry, en Guinée.
Oumeyma,
recevant son trophée de championne nationale de slam en Mauritanie. 25 mai 2025. ©GUEYE PRO
Le trophée « Penseur libre » qui lui est décerné rend hommage à feu Beydi Sarr, poète mauritanien, homme de lettres et ancien bibliothécaire de Planète Jeune.
Derrière elle, deux autres talents sont également salués : Mohamed El Béchir Sall, représentant la capitale Nouakchott, décroche la deuxième place. Le troisième prix revient à Djeynaba Seydi Mbodj, venue de Rosso (Sud-ouest).
DEPUIS LE 21 MAI, LA CAPITALE MAURITANIENNE NOUAKCHOTT A VIBRER AU RYTHME DU VERBE, DU RIRE ET DE L’ENGAGEMENT. Mais FISH’AC, ce n’est pas qu’un festival sédentaire : c’est une caravane culturelle. Nouadhibou (Nord-ouest), Rosso, puis Nouakchott ont accueilli l’événement cette année. À sa tête, l’ artisan de l’oralité, Boukhary Bounass Moussa, poète et slameur.
« L’itinérance, commencée le 7 mai, permet d’aller à la rencontre des jeunes, là où la culture ne va pas toujours. C’est une manière de démocratiser la parole, de créer du lien entre les régions », explique-t-il au sortir d’un panel, dans le cadre du festival au Centre Culturel Marocain de Nouakchott.
Dans chaque ville, des ateliers d’écriture, des
formations, des spectacles et des actions de sensibilisation ont été
menés autour des quatre grands thèmes du festival : Femmes,
Environnement, Migration et Développement.
« Ce ne sont pas juste
des sujets à la mode. Ce sont nos réalités. Et le slam permet d’en
parler sans filtres, sans clichés », martèle Boukhary Bounass Moussa.
L’UN DES TEMPS FORTS DU FESTIVAL A ÉTÉ LA SOIRÉE SLAM AU FÉMININ, le 23 mai, qui a électrisé l’Institut Français de Mauritanie. Sur scène, trois voix puissantes du Sahel : Maïmots Traoré, venue de Ségou (Mali), mêle traditions mandingues et poésie sociale ; Amazone, alias Diaw Fall de Mauritanie, chante les dunes et les vagues avec grâce ; et Moon’Art, du Sénégal, fait vibrer le public avec un flow intense porté par les rythmes du mbalax sénégalais.
Et si les artistes ont fait vibrer les planches, c’est parce qu’au FISH’AC, le slam dépasse la scène. Cette cinquième édition du FISH’AC a aussi été marquée par la participation d’artistes internationaux aux styles variés, venus prêter leurs voix au verbe en mouvement.
St Isaac (Niger), surnommé le Monument de Niamey, a fait danser la poésie avec un savant mélange de slam, reggae et rumba congolaise. Bee Joe, Président de la Fédération Ivoirienne de Slam-Poésie (FISP), a électrisé la salle avec ses textes percutants. Saigneur du Rire, figure de l’humour, a déclenché une tempête de rires.
MAIS AU-DELA DE LA SCENE, LE MESSAGE EST CLAIR : ici, le slam n’est pas qu’un art, c’est un acte et une conscience en mouvement.
Le festival s'est achevé dans une ambiance chaleureuse avec une soirée mêlant humour, contes, musiques et performances. Impériale, rappeur formateur mauritanien, a clôturé la soirée avec un rap conscient et engagé, fidèle à l’esprit du FISH’AC.
« Notre ambition est simple : faire de Nouakchott une capitale du slam, de l’humour et des arts connexes. Un lieu où la parole crée du lien, de l’émotion et de l’avenir », conclut Bounass Moussa.
Le rideau est tombé. Mais les mots continuent à résonner encore. Grâce à des voix comme celle d’Oumeyma, le slam mauritanien s’écrit désormais au féminin.
Suivez aussi Cultures Mauritanie sur YouTube
Gardez-vous au fait des événements culturels en Mauritanie